"Pardonnez-moi, messire, je cherche le Siège Pontifical de Paris."
L'homme bien habillé dévisagea avec dégoût la gueuse crasseuse qui osait s'adresser à lui. D'un geste méprisant de la main il lui désigna l'enseigne de la taverne au bout de la rue.
"C'est derrière" lui répondit-il d'un air condescendant."Ôtez-vous vite de ma présence, je ne puis souffrir votre parfum incommodant."
Sans demander son reste Marie-Honorine fila rapidement vers l'établissement si aimablement indiqué.
Elle pénétra dans l'imposant bâtiment en frottant ses hardes, essayant en vain d'effacer les traces de boue, de poussière et autres saletés d'origine indéterminées qui maculaient son vêtement.
La surprise interrompit sa tâche: jamais elle n'avait pénétré dans un établissement aussi beau, pour sûr! Rien à voir avec la taverne et encore moins avec la ruelle qui lui servait d'hôtel particulier. Oubliant totalement l'objectif de sa visite, son regard admiratif détaillait le moindre élément du décor. Intriguée par un chambranle particulièrement ouvragé, elle s'approcha de l'œuvre. Néanmoins le bruit sec de ses sabots sur le sol de pierre la ramena à la réalité: elle n'était qu'une petite vagabonde perdue dans un bâtiment trop gros pour elle en quête de spiritualité. Se sentant seule et vulnérable, elle espérait la venue d'un clerc. Quelques minutes passèrent dans un silence profond, augmentant son inconfort grandissant. Finalement elle se résolut à appeler à l'aide, sa voix plutôt geignarde que forte et assurée.
"Hého, y a quelqu'un?"